lundi 2 novembre 2009

J'avais 16 ans et j'étais une sacrée artiste.

Le gars assis au piano était beau. Il jouait, emporté par la musique et la vie, une clope à la bouche. Ma gêne était partie baisée avec l'alcool. J'étais seule, sans inhibition avec tous ces gens ivres en quête d'un quelconque moment d'oubli. J'étais passée à côté de lui, avais volé sa clope, l'avais mise dans ma bouche rouge et m'étais appuyée sur le piano. Il m'avait regardé, à moitié surpris, à moitié amusé. Nous ne savions quoi faire. Nous avions l'air imbécile mais jamais autant que les deux enfermés dans la salle de bain. Il m'avait pris la main et avait dit: «Je sais ce que je fais.» J'avais ri et nous étions sortis dehors. Ce n'était ni l'hiver, ni le printemps. Plutôt un entre deux, assez froid. J'étais partie courir dans la rue en lui gueulant: « Je suis une artiste! Regarde moi danser! Regarde moi chanter!» Je faisais n'importe quoi et lui en riait. Essouflée, je m'étais couchée dans la rue mais pas en plein milieu; je ne m'assumais pas encore tout à fait. Il était venu me rejoindre. Nous rions, ça ressemblait à la scène dans le film ''The notebook'' mais il était bien plus beau. Nous avions allumé une autre clope, j'imaginais des dessins dans la fumée pendant qu'il me jouait dans les cheveux. Je me suis lentement endormie mais il m'avait réveillé en me disant que ça ne se faisait pas dormir dans la rue. Nous nous étions relevés, nous avions marché, le froid mangeant mes joues, ma main seulement étant au chaud, au creux de la sienne. Je désaoulais et je lui demandais de me resaouler. Et il l'avait bien fait. Là, assis dans un resto un peu miteux, ivre de nous, il m'avait dit: «Je t'aime». Je lui avais répondu: «Moi aussi». Nous nous étions regardés et nous avions su que c'était vrai. C'est à ce moment là que j'ai réalisé que je savais pas comment il s'appelait.

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