vendredi 28 novembre 2008

C'est pas un poids plume, t'as pas un coeur léger.

Petit, cette période reste floue, cette nuit intacte. La vie me pourrissait le bonheur. Une humeur de chien, des yeux pleurant de besoins. Mes pas m'avaient encore menés ici, dans ce parc trop près de chez toi pour qu'on ne se rencontre pas. J'avais le cœur branché sur ma musique et le cul sur un banc bourré d'insultes perdues. Je voulais aller sonner chez toi, pousser le bouquet de fleurs qui cachait la fenêtre de ta porte et me fondre dans tes bras. Mais la pluie m'avait fait asseoir. Je n’avais plus la force de faire quoique ce soit, sauf d'espérer, voie de sortie beaucoup trop lâche.
Des mots en boucles dans ma tête. Des souvenirs troubles sur mes lèvres. Ton absence qui crie plus fort que tout. Encore une fois. Des pas. Qui approchent. Ça ne peut pas être toi. Ils sont beaucoup trop lents, trop hésitants. Ça serait surtout trop beau. Une silhouette inconnue vient s'asseoir à la place libre à côté de moi. Je lui cris que cette place est déjà prise et qu'il aille se faire voir aussi de me faire espérer comme ça. Confusion. Je me lève. Quitte. Les larmes tombent. C'est une scène beaucoup trop dramatique pour un petit pois comme moi.
Je suis maintenant obligée de marcher. Dégourdis toi les jambes, le passé, le cœur, les idées. Allez. Vomis tes espérances, pleure tes déceptions. Devant ta maison. Je ne peux pas sonner. Trouve-moi s'il te plait, trouve-moi. Ça tourne. Trouve-moi s'il te plait. Je décide d'aller en arrière. Trouve-moi quand même. Ce balcon, ces mégots, cette fontaine ridicule. Ces baisers, ces désirs, ces rires. Un melting pot dans ma tête. Ça fait plus juste tourner petit, ça saute, court, déchire. Ça hurt. Trouve-moi. La voix de ta sœur. Non. Ne viens pas gâcher ce moment de souffrance. Ta voix qui lui répond. Tes cris maintenant. Un fuck you lancé, une porte qui s'ouvre. Je ferme les yeux. Je me sens ridicule là. Je n’aurais jamais du. Je ne veux plus que tu me trouves, je veux juste me sauver. Je n’ai même pas le temps. Les yeux clos, mais une main dans la mienne qui me demande à la suivre. Je me lève, suis. Je n’avais jamais cru que le toucher pouvait tant dire. Que le seul fait d'avoir ma main dans la tienne me ferait sentir aussi comprise. Les yeux ouverts se sont vite refermés. Tu me guideras. Tu n’as même pas le choix.
L'extase. La souffrance. Je ne sais même plus. Le mélange des deux. Déroutant. Mieux que le pot, l'ecstasy, la coke, le speed, l'héro. Ta voix qui veut sortir. Ne parle pas. Tu gâcherais tout. Ferme-la. Des mots, mais pas de discussion. Les paroles d'une chanson. La notre surement. Non-officiellement. Comme le reste. I hurt myself today. Continue, je comprends. To see if I still feel. Je ne sais même pas. I focus on my pain, the only thing that's real. Et les larmes qui tombent à nouveau, ta main qui me serre plus fort. «I need you» qu'elle me dit. Je me fais petite. Le parc qui se pointe. Attraction-répulsion. Le choix ne se posera même pas. Nous deux, sur ce banc déserté. Des «je pense que je t'aime» qui me fusent l'esprit entier. Je ne me suis jamais sentie aussi connectée à quelqu'un. Ça fait peur petit. Beaucoup. Trop même. Ta main est toujours là, la mienne fout le camp. Retour partiel sur Terre. Une seconde, puis deux, et trois. Quatre. Et enfin cinq. Elle recourt se réfugier dans la tienne. Elle a aussi besoin de toi. Mais ça fait mal de se l'avouer. J'ouvre les yeux. Les tiens sont fermés. Pourquoi tu pleures, que je me dis. Ces larmes pour moi, petit? Mais je me tais. Je te serre la main. Tes larmes coulent, plus nombreuses. Je ne fais jamais rien comme il faut. Je referme les yeux. Fuck it. On fera vivre Mira. Ta main qui me guide de nouveau. On se lève, tu ouvres les yeux, je peux le sentir jusqu'ici. Et on marche. La pluie se dessine un portrait sur mon corps, ta main dans la mienne qui se fraye un chemin jusqu'à mon âme.
De retour chez toi. Même balcon, mégots et fontaine. Mais rien de tout ça ce soir. Une profondeur jamais atteinte. Rien pour nous ramener à la réalité. La vue, l'ouïe, l'odorat, le gouter ont foutus le camp. Reste que le toucher et cette connexion qui baise doucement avec la fiction. Reste. Reste. Reste. Je ne partirai pas. Reste et je resterai. On se fera un conte de fées et on bousillera la fin, okay? Reste. Ta main qui lâche doucement la mienne. Je dois partir, que tu me dis. Non. Non. Non. Je resterai. Tu vas ouvrir la bouche. S’il te plait, tais toi mais reste. I hurt myself today, to see if I still feel. Une autre fois, tes deux mains enveloppent la mienne. Tu quittes.
J'ouvre les yeux. La vue, l'ouïe, l'odorat et le gouter reviennent en deux secondes. De retour sur ce banc de parc. Point de départ. De milieu. De fin. Un esti de cercle tout ça petit.
& j'ai le coeur gros. Plus gros que toutes les galaxies mises ensemble.

mercredi 19 novembre 2008

Le coeur qui fait trois tours et les mots qui se disent ouach.

Petit, j’ai envie de rouler toute la nuit. Un roadtrip sentimental avec ton regard comme seule assurance. Pas d’itinéraire, pas de préparation : juste ton pied sur l’accélérateur et mes yeux prêts à affronter le monde. L’aventure comme meilleure amie et la peur à braver chaque jour. Un esti de beau roadtrip petit. Ça me fera oublier ma vie sur le neutre et mon cœur sur park. On ira où nous cœurs nous porterons, que ça soit au Colorado ou au Nebraska. Le seul GPS sera notre instinct et on se foutra bien des conventions. On tournera à droite alors qu’on aurait du tourner à gauche, juste pour se sentir rebelles. On mettra de la musique qu’on aimera plus ou moins, mais qui fera «aventure». Comme dans les films où les beaux gens partent à la découverte du grand monde. On chantera à tue-tête en ne comprenant pas les moitiés des paroles. Tant pis. On prendra la voiture de je ne sais qui et après tout ça a peu d’importance. Le seul objectif est de quitter les sentiers trop battus de ma petite banlieue. Défier les limites, aller battre nos propres sentiers, essayer de savoir ce qui se trame dans mon petit cœur. Je le ferai que tu me suives ou pas petit. Je te jure. Je me sens assez forte pour affronter la grande vie toute seule. Si c’est ce qu’on appelle être «adulte», alors je veux bien le devenir, adulte.

Tu le sais bien que je te mens petit. Je n’ai jamais été aussi faible petit. Jamais. Le verre est du béton comparé à moi. Je me casserais sous un minuscule coup de vent et c’est pour ça que je te demande de me prendre par la main et de m’emmener ailleurs. En espérant qu’un vent nouveau vienne me mettre un peu de plomb dans la tête.

& petit, les mots s’alignent tout croche. Je ne suis plus capable de créer une harmonie avec toutes ces lettres qui tournent dans ma tête. Ça fait mal petit de s’avouer que : je ne sais plus écrire.

mercredi 5 novembre 2008

C'est l'automne mais ça c'est vraiment important tu vois.

Petit, il y a une feuille ce matin qui est venu faire dodo sur ma tête. Je l'ai repoussé d'un grand coup de main. «Mais qu'est-ce que tu vas faire là!» que je me suis dit. Et puis après je me suis ravisée. J'ai pris la feuille dans les paumes de mes mains, je lui ai fait attention attention et j'ai couru jusque chez toi. «C'est l'automne, petit!» Tu as ri. C'était à cause des points d'exclamation qui faisaient le close à chacune de mes phrases. Je le sais. Mais tu m'aimes malgré ça. Et c'est réciproque petit. Même si tu as taché mon chandail préféré avec ton chocolat chaud. À la limite, je t'aime un peu plus. Ça doit être à cause de l'automne qui est venu se dessiner sur ma fenêtre ce matin. Je l'avais pas vu venir celle-là. Et pourtant, maintenant, elle m'habite. Elle me donne envie de me faire un cocon dans tes bras d'Iron man, de faire courir mes lèvres sur l'encolure de ton chandail et puis sur l'os de ton cou. L'automne qui te fait mettre ta tuque noire, ce même automne qui fait geler mes yeux sur toi. Comme un film qu'on met sur pause pour essayer de le faire durer le plus longtemps possible. Je pèserai sur play quand tu viendras rejouer aux autos avec moi dans la belle cabane de bois, petit. On se fera un immense tas de feuilles et on sautera dedans. Cliché à souhait. Ce sera parfait. Je m'y cacherai la tête, mes cheveux deviendront rouge et orange et ton coeur prendra le bateau pour venir rejoindre le mien. On partira à la recherche de la plus belle feuille. Tu gagneras, évidemment, parce que j'ai aucune patience pour ce genre de trucs.

Petit, c'est l'automne. Il fait froid. Les arbres sont tout nus, mon coeur ne sait plus où se mettre. Mes mains sont gelées et mes lèvres gercées. Petit, c'est l'automne. Mes mots dégringolent, ils vont vites et j'ai pas le temps de les rattraper. J'suis débordée comme les monsieurs BlackBerry. C'est l'automne. Et j'ai besoin de toi plus que jamais. Le vent est venu bouleverser mon coeur et je sais plus dans quel sens le mettre. I need you. Comme ils disent dans les films mauvais.