jeudi 29 janvier 2009

& le pire c'est que notre «nous» n'existe que depuis 6 jours.

Le Petit a foutu le camp.
J'ai 18 ans.
Restructuration.

Ma vie, sur papier, a relativement beaucoup changée. Je suis maintenant majeure et officiellement en couple avec ce qu'on pourrait appeler l'Homme parfait. Mais dans les faits, c'est du pareil au même. Je me lève, le matin, à la même heure. Je mange les mêmes céréales insipides mais tellement bénéfiques pour mon estomac de jeune fille moderne (merci maman). Mon chocolat chaud a le même goût et la maison est toujours dans le même bordel. L'autobus est toujours aussi chiant à prendre et les cours tout aussi ennuyants qu'ils l'étaient avant Noël. Je m'enmerde de la même façon en maths et je ne baille pas moins en chimie. Vraiment, avoir 18 ans ça ne change rien. Que tu sois mon «petit ami» ne change pas grand chose non plus.

Et puis foutaise.

Mes céréales ont le même goût mais t'a foutu une sacré pagaille dans ma tête. L'amour monte à la tête, je suis témoin. Mes cours de maths sont ennuyants et même encore plus longs car je ne peux m'empêcher de penser au moment où je te foncerai dedans en te demandant: «Mais t'es qui toi?!», au moment où tu prendras une face outrée et où finira par s'embrasser. Ma vie est une attente continuelle. Ce n'est pas nouveau, c'est simplement plus présent, plus prenant.

Et puis merde.

Le concret. Le premier vrai concret. Tu n'es pas encore devenu toute ma vie. Tu ne le seras probablement jamais. Je suis de nature trop indépendante, à la limite sauvage pour me donner entièrement à quelqu'un, pour perdre toute barrière. Mais j'ai envie que tu me découvres peu à peu. Que tu m'apprivoises. Tu es mon premier concret je suis loin d'être ta première concrète, ta première conquête. La vie est mal faite. Ou bien faite. Je ne sais plus trop. Tu ne me rends pas aveugle mais j'ai quand même assez de difficulté à faire une phrase qui se tient debout.

Et puis je t'aime.

T'es pas comme le Petit. Tu es un peu mieux. Tu peux être enfant et embarquer dans mes jeux complètement immatures desfois, mais tu sais aussi avoir ton âge. Et je t'en remercie. Tu me rappelles que je n'ai plus 4 ans et c'est peut-être pour ça que je doute chaque jour que je t'aime. Pour ensuite me gifler le questionnement en me disant que tu es l'homme de vie.

Et puis haha.

L'Homme de ma vie. Je ne sais pas, O. Mais tu es l'homme du moment. Et j'espère sincèrement que ce moment durera longtemps. Je veux que tu sois l'homme du moment. Mon éternel moment présent.

Et puis je t'aime. (bis)

Je me souviens de la voiture surchauffée, du toit ouvrant et de la neige qui me colore doucement les cils. Je me souviens du line-up sans fin, du monsieur qui a trop d'attitude et du bucheron au chic resto. Je me souviens de sa clope qui rentre dans ta voiture, de toi qui tousse, de moi qui te la présente, d'une recherche de stationnement. Je me souviens de tes mains sur mes hanches, de ma tête qui vole, de l'alcool qui essaie de se frayer un chemin dans mes veines, de la musique trop forte, de notre premier baiser. Je me souviens de ton je t'aime chuchoté, de la musique encore trop forte, de mes amis euphoriques, de ton calme amoureux. Je me souviens de la première marche main dans la main, de mes confessions de douce ivresse, de tes rires d'homme amoureux. Je me souviens de l'appart de ma cousine, de ton regard dans ta voiture, de ton baiser. Je ne me souviens plus de la chanson qui jouait. Mais je me souviens de ce 23 janvier.

J'ai 18 ans, un copain mais la Terre continue de tourner. Simplement, j'ai maintenant une épaule à bécoter quand je n'ai pas le courage d'y pleurer.

jeudi 22 janvier 2009

J'ai 18 ans.

Petit, j’ai essayé de te le dire. De toutes les façons possibles et impossibles. Du petit mot écrit en pattes de mouches sur ton frigo jusqu’au hurlement dans tes oreilles, en passant par mes larmes de diamants. Mais tu ne comprends pas. Tu ne veux pas comprendre. Ça doit pourtant faire 1ooo fois que j’essais de me rendre à ton oreille, celle sur ton cœur d’enfant désabusé, mais je n’y arrive pas. Tu as bouché tes oreilles, ton cœur et les deux billes par lesquelles toutes tes émotions déferlent dans mon monde. Tu as fermé tes yeux sur mon malheur. Et ça c’est pire qu’un génocide amoureux. Ça me détruit de l’intérieur, un bulldozer sur le cœur, une déneigeuse sur l’estime. La neige me mangeait justement les cils et toi tu venais de me bouffer toute la confiance en m'ignorant. J’étais convaincue que je pouvais t’en parler sans problème, que tu m’écouterais, que tu me prêterais une épaule pour pleurer et tes mouchoirs Bob l’Éponge pour essuyer le tout. Mais tu t’es fermé. Tu es devenu un escargot des émotions.
Et puis hier tu m’as appelé.
-Tu veux aller glisser Petit Pois?
Je t’ai craché un non, j’ai raccroché. Tu m’as rappelé, tu n’as rien dit mais je pouvais sentir jusque dans mon petit orteil que tu étais à l’autre bout du fil. Il y avait un fil, quatre rues et une mer d’incompréhension entre nous deux cette journée là. Mais pas d’orgueil. Ça faisait changement, ça faisait même un peu chaud au cœur. Mais s’il y avait des ciseaux pour couper le fil et mes grosses bottes Adidas pour mettre à terre les quatre rues, je n’avais rien pour la mer d’incompréhension. Elle était trop grosse pour que je puisse y nager seule en espérant rejoindre ton côté. J’avais besoin que tu prennes ta bouée et que tu me la portes. Au moins au milieu de la mer. Mais tu as fait mieux. Tu as nagé toute la mer, en prenant quelques bouillons, mais tu l’as fait.
Je suis restée le téléphone à l’oreille même après que tu aies raccroché. Les diamants me défiguraient. Littéralement. Tu as sonné, pour la forme, tu as frappé à la porte de ma chambre, tout autant pour la forme. Tu m’as enlevé le téléphone des mains et tu as prises celles-ci en otage.
- C’est fini Petit Pois. Je m’excuse, mais c’est plus que ça.
J’aurais du te dire de t’en aller. C’est ce que tout le monde m’aurait dit de faire. Mais j’en avais assez de ce «tout le monde». Je ne l’avais jamais rencontré alors qu’il aille se faire foutre avec ses conventions. Je voulais m’écouter, moi, seulement moi. Mais il y avait un tel vacarme que je n’entendais rien sinon mes côtes qui jouaient des cymbales à cause des sanglots. Je ne t’ai pas embrassé. J’ai simplement laissé mes mains dans les tiennes, et je t’ai regardé dans les yeux. Ils ont commencés à te faire la morale, mais ils ont cessé plutôt vite. Tu avais eu aussi mal que moi, sinon plus.
- Petit Pois, je n’étais pas prêt à ça. J’ai eu peur.
Que voulais-tu que je te dise? Combien de fois j’étais partie en courant après que tu m’aies conté ta vie en cascades, apeurée du malheur que tu abritais, ne voulant pas être contaminée. On a donc compté jusqu’à trois, on a crié le mot peur quatre fois et on est allé dormir. La peur me faisait fuir. La peur te transformait en escargot. Il n’y a personne de parfait. Et il n’y a pas de morale à cette histoire. Je n’ai jamais aimé ça. Il n’y aura que de l’amour à profusion, assez pour peinturer les murs de ma chambre et tapisser d’espoir le regard éteint du vieux monsieur de l’autobus.

jeudi 15 janvier 2009

Retour à la normale. Effacer l'effacement non-effacé.

Petit, il y a un vide à mes pieds. Immense. Cinq univers pourrait y rentrer et il resterait même de la place pour le gros Hulk Hogan. Je voudrais te crier toutes les obscénités que cette Terre permet, te cracher dessus, t'humilier, t'abaisser, te diminuer, te réduire à de la petite poussière sale & noire, comme tu as fait avec moi. Tu m'as quitté. Définitivement. C'est un point de non-retour Petit pois. Beurk que je t'ai répondu. Je te l'ai pas dit, j'étais incapable d'ouvrir la bouche, mais je le pensais très fort. Pourquoi? Cette question volait dans ma tête, allait jusque sur le bout de ma langue mais ne se rendait pas plus loin. Elle aurait eu la force d'ouvrir ma bouche et te hurler dessus mais elle n'avait pas le courage. Elle est restée cloîtrer entre mes amygdales et moi je suis partie. Je n'ai pas pris le temps de te regarder, encore moins de te dire au revoir. J'avais littéralement le coeur en compote et je devais faire attention à ne pas marcher dans le néant que tu venais juste de créer. J'ai essayé de ne pas exploser, de ne pas déverser toute l'eau du lac Michigan dans ta chambre, ni dans ton hall d'entrée et je me suis même retenue dans ta grand allée. Mais dès que j'ai mis le pied dans la rue tout est sorti. Les pires mots de la galaxie, des larmes pour abreuver tous les petits africains de Vision Mondiale. J'avais de la difficulté à mettre un pied devant l'autre, comme si j'avais perdu tout repère, toute logique. Même la minime logique. J'ai réussi à aller chez moi, à me traîner dans ma chambre et c'est là que j'ai vraiment réalisé: Tu ne ferais plus partie de ma vie de cette manière. J'ai arrêté de pleurer, sec. Cette constatation me faisait plus mal que tout. Cela dépassait vraiment les larmes.

& j'ai vu le coton ouaté que tu avais oublié sur mon lit. Celui qui était d'un rouge atroce, celui dans lequel j'avais 1ooo fois dormis, celui que tu portais quand tes parents s'étaient séparés et que tu avais hiverné une semaine chez moi, celui que tu avais mis pour rencontrer mes parents, celui dans lequel j'avais maintes fois pleurés, ris, rêver. Il était là, en boule, sur mon lit, innocent, ne sachant pas qu'il venait de me déchirer le coeur. J'ai eu le réflexe de t'appeler, de rire de ton oubli en te disant que je le garderais jusqu'à ce que mort s'en suive ou qu'encore tu viennes le chercher. Mais ça ne marchait plus comme ça. Et ça me tuait. Jamais plus je ne pourrai t'appeler à 3 heures du matin pour te dire que je t'aime pour ensuite raccroché en vitesse. Je ne pourrai plus agacer ta mère à cause de sa petite mèche blanche pour ensuite devenir sa meilleure amie, rire aux éclats avec ton frère après avoir regardé le même vidéo sur Youtube 897 fois, me faire raconter l'histoire du Mexique, du Congo & du Guatemala par ton père. Jamais plus. Je ne pourrai plus arriver chez toi à l'improviste et m'y sentir comme chez moi. Je ne pourrai plus te voir arriver à l'improviste chez moi et être heureuse comme une vrai reine. Jamais plus ton agenda oublié chez moi dans lequel je t'écrivais les plus jolies choses, jamais plus de soirées chez ton meilleur ami avec 1ooo inconnus rendus une énième famille. Jamais plus de tous ces événements qui façonnaient mon quotidien, sculptaient ma vie. C'est fini Petit. Et je n'ai même pas envie de te demander pourquoi tu m'as laissé. Te parler en sachant que je ne pourrai t'embrasser, te serrer dans mes bras ou même juste jouer avec tes cheveux me piétine le coeur comme une horde de chevaux en furie.

Petit, je ne souhaite pas ton malheur. Je suis probablement la fille la plus immature au monde, mais j'ai aujourd'hui la maturité et surtout un amour sans borne envers toi pour te souhaiter le plus grand des bonheurs. Sincèrement. Ça fait noble dit comme ça, mais c'est purement égoïste. Parce que je vais sûrement vouloir mourir en te voyant en aimer une autre, rire avec une autre mais je mourrerai assurément de te voir malheureux.

Petit, j'ai fait le pire des cauchemars cette nuit. Je me suis réveillée ce matin et tu m'avais envoyé un message texte:
Petit Pois, papier, panier, piano. Voila. Jvoulais ke tu pense a moi en 1er cmatin. Jtm.
Petit, j'ai fait le pire des cauchemars cette nuit. Et j'ai pu prendre conscience de l'immense place que tu prenais dans ma vie. Je continuerai certainement à vivre si tu me laissais, mais il manquerait un peu de colle pour m'apposer le plus beau des sourires chaque matin.

Petit, t'as vraiment oublié ton coton ouaté rouge sur mon lit. Mais je ne t'appellerai pas pour que tu viennes le chercher. Je vais plutôt le garder jusqu'à ce que tu t'en rendes compte, pour avoir une petite partie de toi, sur moi, quand je le veux.

Excusez-la. Retranscription exacte de hier, 2 am.

Je n'aime pas écrire après avoir bu. J'ai l'impression d'écrire sans frontière, sans barrière. Une course à la vérité sans obstacle sisons celui du mal de bloc du lendemain et du sermon du papa. Pourtant il serait tout en mon pouvoir de ne pas écrire et de fermer les yeux sur mon état. Mais pour une rare fois, j'aimerais prendre conscience de mon état et me dire que j'ai une vie parfaite dans une certaine mesure.

La France m'ouvre ses portes. Les bras ouverts et surement même une bouteille de champagne. À moi de faire le move. Haha. N'importe quoi. Je voudrais inventer la parfaite histoire. Avec un prince juste assez charmant, juste assez chiant. Une princesse belle à en mourir, mais une beauté différente. Pas celles des magazines et des lèvres pulpeuses & nez droit. Non. Plutôt une de ces beautés qui chavirent , qui met ta définition de la perfection en morceaux. Je veux d'une perfection qui transpire le toi, O. Qui suinte tes yeux bleus et ton rire. Omniprésent. Comme une drogue. Fuck. Encore addict. Encore et toujours. Dans un perpétuel état de manque. Fuck l'amitié. Je ne devrais pas dire ça mais tant pis. Fuck l'amitié. Je veux pouvoir te regarder dans les yeux pendant 1ooo ans en ayant peur de rien sinon que de me mettre face à moi un peu plus. Je ne veux pas avoir peur de ton jugement, de tes réactions. Non. C'est une histoire qui m'a été mille fois vues mais je veux un ending différent. Je veux que tu sois mon étoile O. Malgré la vodka qui me coule dans les veines.

Excusez-la ouais.

mardi 13 janvier 2009

& tout le monde court, toujours.

Petit, je n'arrive pas à mettre en mots clairs ce qui s'est passé. Je devrais sûrement laissé faire, mais j'en suis incapable. T'as semé de véritables roses dans mon regard, des étincelles plus éblouissantes que les feux d'artifices de ton père. T'as dit cinq mots. C'est pas un roman Arlequin, encore moins une déclaration d'amour, mais ça semé la confusion générale pendant quelques secondes dans ma tête, pour laisser place au plus joli des émerveillements.
- Tu es belle Petit pois.
Ce n'est pas que tu es avare de compliments Petit. Mais celui-là arrivait pile au bon moment. Je t'aurais donné la Terre et mon ours brun en cadeau si j'avais pu. Mais certains se sont opposés à ce que j'offre toute une Terre à une seule personne et je ne trouve plus mon foutu ours. Je t'ai donc donné 64 baisers. Je les ai comptés.

Petit, je doute souvent. Je me dis que ça ne se peut pas tout ça. Que je mélange beaucoup trop la réalité & la fiction. Il arrive même parfois que je me dise que je devrais laisser tomber l'écriture. Simplement pour prendre conscience de la réalité. De ma réalité. Ce que je vis réellement. Mais je sais que ce n'est pas la solution. Il y a, dans ma tête, une imagination grande pour quatre planètes Terre, j'en avais même déjà parlé à mon «psy d'un jour», et avec toute cette imagination, je me fais les plus belles histoires. C'est vraiment plaisant seulement, lorsque la réalité me prend de plein fouet, je me rends compte que ce n'est pas si joli finalement. Et je suis déçue. Et c'est cette déception qui mène à ce doute.

Petit, c'est un complexe labyrinthe tout ça. Je ne m'y retrouve pas. Mais je n'ai pas envie de commencer à chercher ce soir. Je préférerai plutôt que tu viennes lancer un petit caillou à ma fenêtre, que mon père se fâche encore, et qu'on aille s'évader un peu dans le parc pas trop loin. Il fait froid à se geler le coeur et les mains pour une couple de décennies, mais je suis prête à prendre le risque. Pour sentir ton poul, lent, contre mon oreille, pour sentir tes lèvres froides venir se réchauffer au creux de mon cou, quelque part entre mon foulard bleu comme nos yeux et mes cheveux noirs comme ta peur. Je veux voir la neige te manger les cils et tes cheveux devenir aussi blancs que ton chat affreux. Petit, je veux sentir que nous deux c'est un peu plus que l'infini. Parce que, quand même, l'infini c'est énorme et même un peu épuisant.

lundi 12 janvier 2009

La machine reste en vie, on livre la marchandise.

je me suis assise dans ce banc
en ne regardant pas vraiment le film
en ne regardant pas le «lui» assit à mes côtés
je ne sentais que sa chemise qui frôlait mon bras
que son soulier appuyé sur le mien
& avec les 1oo1 frissons que ces simples contacts me donnaient
je suis retournée à la base
en me disant que c'était ça la vie

jeudi 8 janvier 2009

On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois.

Petit, je viens de regarder Little Miss Sunshine. Je viens de me taper 82 fois l'écoute du poème «On vit, on parle» de Victor Hugo. Il y a un passage qui m'a fait penser à nous. Ou plutôt à moi. Enfin, je ne sais pas, et peu importe.

On se sent faible et fort
Petit et grand.


Il est fort ce monsieur. Il a utilisé neuf mots, neuf mots simple. Et puis, en les mettant dans un ordre exact, mais tout de même simple, il a réussi à provoquer une avalanche dans mon coeur.

Petit, je voudrais t'écrire 8 romans. J'ai l'impression qu'il y a tant à dire. Tant à te dire. Mon coeur & ma tête viennent d'être envahis de beauté. Et je sais que je ne pourrai égaler.
Alors je te laisse.
En te disant d'aller au plus vite m'appeller, pour que je te conte un silence sans fin.

dimanche 4 janvier 2009

Le luxe; part II. Non. L'amour; le real.

Petit, t'as récidivé. T'as joué au gentleman, au gars à la cravate, au galant, au grand garçon au coeur d'enfant, au gars poli & bien élevé. Et ça a marché à la perfection. C'était plus classe que le Titanic, moins tragique. Plus quétaine qu'un bouquin Arlequin mais aussi beaucoup plus senti. Une ligne de milieu parfaitement trouvé, un milieu qui goûte tout sauf le neutre. C'était magique mais pas truqué. Les truffes & le champagne.
- C'est du vrai Petit pois.
Je ne savais même plus. Les bulles m'étaient montées à la tête, ton odeur au coeur. J'aurais pu mourir là en ayant atteint, l'instant d'un moment, le parfait bonheur. Réellement. J'avais perdu tout style, toute convention. Ta cravate s'était vite trouvée amie avec mes talons hauts. Pour un bref moment, j'étais tout sauf une enfant, t'étais tout sauf petit, on ressemblait à tout sauf au couple de Juno. On transpirait l'adultes, sans l'adulterie, et ça sentait bon. Pour la première fois. Une odeur à en tomber fou. La tête, le coeur, l'âme, l'esprit, tous ces mots vident de sens réels, avaient soudain une définition des plus concrètes. On ne parlait pas d'affaires et d'économie mais c'était tout comme.
- Petit, t'es le plus grand des hommes aujourd'hui.
On riait, mais ce n'était pas comme d'habitude. Ce n'était pas léger et cristallin. C'était plutôt un gros diamant, pur, qui devait valoir une fortune. Tu l'avais pris au fond de la gorge et tu le laissais sortir à chacune de mes phrases. Je l'attrapais, avec comme dernière idée, de le vendre.
Je ne sais pas si c'était un moment unique, complètement différent des autres et qui n'allait jamais se reproduire. Mais c'était si peu important. On avait mis le doigt sur ce qui faisait que tant de gens avaient l'air heureux d'être adultes. Et ce n'était pas mauvais. Au contraire.
Je ne sais pas si on y prendra goût. Mais est-ce vraiment important? Est-on vraiment obligé de définir ce qu'on est, de tout nommer, de tout décrire?
Je ne crois pas Petit. Je suis même plutôt sure que non. Et je reste convaincue d'une chose: t'as cravate bleue laitte t'allait à ravir.